RAPPORT MORAL 2003
Bientôt 19 ans qu’ont débuté nos recherches, au sein du Comité d’histoire initial.
Bientôt 12 ans que notre association a pris le relais !
Beaucoup de travail effectué mais l’objectif n’est que partiellement atteint.
Entre temps, nombre de celles et ceux qui s’étaient engagés avec nous sont morts. Tous ont droit à notre reconnaissance pour leur contribution à l’œuvre commune. Il est toutefois des disparitions qui nous ont particulièrement handicapés. Des noms sont sur toutes lèvres : Georges Dallier et Jean Michaud.
Le travail s’est révélé plus important et plus complexe que prévu, il est apparu que la Résistance n’était pas un phénomène en soi mais qu’elle s’inscrivait dans un contexte, qu’il nous fallait étendre nos objectifs, ne pas faire seulement l’histoire de la Résistance mais l’histoire de la Creuse, inclus la Résistance.
Le sens de notre mission a lui aussi évolué et s’est précisé. Les acteurs et témoins ont pour l’essentiel disparu, avec leurs souvenirs et leurs visions personnelles, nécessairement fragmentaires, limitées dans l’espace et le temps. Ce sont les générations nouvelles qu’il nous faut informer des réalités de l’époque pour alimenter leur connaissance et leur réflexion. Nous devons pour ce faire laisser une documentation aussi complète que possible mais facilement exploitable, avec des repères chronologiques, permettant de comprendre l’enchaînement des faits et des repères que je qualifierai de « citoyens » pour saisir les conditions qui ont permis à un pays démocratique attaché à la République de passer en un temps très bref et pratiquement sans réaction, sous un régime autoritaire, de type dictatorial, excluant la démocratie et la République ; ce qui nous conduit à nous pencher sur les comportements des individus, leurs motivations ou absence de motivations, sur l’évolution progressive des attitudes et les conséquences qui en découlent, à faire ou tenter de faire de l’histoire dans le respect de la rigueur et de l’éthique qu’impose la discipline.
L’important n’est pas de savoir qui a fait telle embuscade ou tel sabotage, tel jour, en tel lieu mais d’abord d’en connaître la justification, le résultat (dans le contexte général de la lutte pour la libération), éventuellement le coût. Plus globalement, quelle fut la contribution de la Creuse, sous quelle forme avec quelles spécificités ?
Les jeunes – il suffit de consulter leurs manuels d’histoire pour s’en persuader – ne peuvent avoir qu’une vision décalée, quelque peu synthétique et nécessairement limitée. A nous de les aider à dégager les grands axes de leur réflexion. Par exemple :
La Résistance est le fruit de l’occupation et de Vichy, l’une et l’autre nés de la défaite, laquelle trouve ses sources dans les errements de l’entre deux guerres. Il n’y a pas d’effet sans cause et de causes sans responsabilités.
L’effondrement de 1940 a été total. Les responsables politiques, les cadres de l’administratif et du judiciaire ont été incapables de réagir, se sont au mieux soumis, au pire disqualifiés. Les hommes de la Résistance ont été, hors exceptions, des hommes nouveaux, des inconnus, souvent des jeunes. Mais, très vite après la libération, ceux qui avaient failli se sont retrouvés aux postes de commande. Pétain a même été jugé sous l’autorité de ceux qui l’avaient servi et lui avaient prêté serment de fidélité.
La libération est le fruit de la défaite militaire de l’Allemagne. Quelle part la France a pris à la victoire et dans la part nationale quelle est la part de la Creuse ?
Telles sont quelques-unes des questions auxquelles il nous faut apporter, non des réponses, mais un éclairage, des éléments objectifs d’appréciation.